Anapa, un voilier nommé désir – épisode 2

Cette deuxième semaine à bord d’Anapa dans le port de Mindelo a deux objectifs. Le premier est préparer Noël sur le bateau, le deuxième est le grand départ pour la transatlantique jusqu’à Marina Jacaré, au Brésil.

Mais avant de réaliser tous ces préparatifs, nous avons décidé de visiter l’arrière pays. Pour ce faire, nous décidons de louer un scooter. Le loueur nous donne rendez-vous à 10h00. Évidemment, quand nous arrivons, il n’est pas là. Nous lui envoyons un message pour lui dire que nous l’attendons et il arrive. Nous constaterons plus tard que ce comportement est courant dans l’île. Il faut appeler la personne avec qui on a rendez-vous, elle arrive après un moment plus ou moins long. Nous avons l’impression d’avoir dérangé notre loueur de sa sieste ou d’un bistrot voisin.

Le scooter à l’air en bon état, toutefois, les casques sont depuis longtemps sortis du domaine de la sécurité. Ils tiennent tout juste sur la tête et nous constaterons en chemin que le vent risque de les emporter si nous n’y prenons pas garde.

Le réseau routier de l’île Sao Vicente compte une route d’environ 40 Km et seule la moitié de l’île est desservie. L’autre moitié est un désert de pierres où personne n’habite.

Dès que nous quittons la ville, les populations pauvres, invisibles aux abords de la marina, apparaissent. Autour des maisons en terre battue, les enfants s’amusent dans des chemins de terre. Mais cette pauvreté ne semble pas misérable. Il règne partout une ambiance bon enfant.
Quand nous nous arrêtons pour admirer un paysage, les habitants approchent, non pas pour réclamer quoi que ce soit mais pour savoir d’où nous venons. Chacun a un membre de sa famille expatrié dans le monde et certains sont en France.

Le paysage est un désert basaltique de pierres noires d’où émergent par endroit des dunes de sable doré. La route surplombe l’océan et nous faisons halte dans des baies magnifiques.

Au détour d’un virage, on voit apparaître une magnifique maison. Un membre de la famille est parti faire fortune à l’étranger et revient régulièrement au pays pour aider sa famille à sortir de la misère. D’autres qui ont moins bien réussi n’arrivent pas à finir la maison de leur rêve. La famille s ‘entasse au rez de chaussée qui est terminé alors que le premier étage est en chantier et reste inhabitable.

La traversée de l’île laisse découvrir des paysages magnifiques de chaos rocheux noirs qui se jettent dans l’océan d’un bleu turquoise éclairé par l’écume des vagues de l’océan.

Notre réveillon de Noël sera très français et très insulaire. Nous dégusterons un foie gras du Périgord et un ceviche de poisson préparé par Francis. Avant ce repas hétéroclite, nous sommes invités à prendre l’apéritif sur le bateau voisin où des anglais s’apprêtent à traverser l’atlantique, eux aussi. L’ambiance de Noël est bien présente dans le port. Certains bateau sont pavoisés en vert et rouge ; d’autres ont fait de leurs mains un arbre de Noël ; quand il y a des enfants à bord, la frénésie de Noël est bien là, avec l’attente du Père Noël et des cadeaux. Ambiance étrange que ce Noël par 30°.

L’avitaillement du bateau est une des choses importantes pour une traversée au long cours. Il faut commencer par faire l’inventaire de ce qui se mange et se boit à bord du bateau. Puis il faut présager de l’appétit de chacun pour savoir s’il faut deux ou quatre Kilogrammes de nouilles. Combien de biscuits pour les petits creux pendant les quarts de nuit ? Et les boites de conserves, on en prend dix ou quinze ? Le seul poste pour lequel l’approximation n’est pas permise, c’est la quantité d’eau nécessaire pour deux semaines, sachant que deux litres d’eau de boisson sont indispensable pour rester en bonne forme. Les commerces de Mindelo sont assez mal approvisionnés et nous n’avons pas beaucoup de choix pour varier nos menus. Nous arrivons tout de même à trouver suffisamment de choses pour que nous ne souffrions pas de la faim.
Par bonheur un des supermarchés propose de livrer nos achats, et heureusement, car nous avons soixante dix litres d’eau à embarquer, en plus des conserves et autres denrées.

Dès les achats payés, deux commis du magasins empoignent les caddies remplis à ras bord et engagent une course à travers les piétons et les voitures, jusqu’à la marina. Nous avons les pires difficultés à les suivre car vraisemblablement, ils connaissent très bien le chemin. Dès que nous leur indiquons l’emplacement du bateau, ils nous aident à transborder toutes les marchandises.

Dernier jour avant le départ, il faut acheter les légumes frais qui resteront consommables une semaine. Ensuite, conserves, nouilles et graines. Curieusement, il n’y a pas de fruit dans cette île.

Nous avons satisfait aux exigences administratives, police maritime, douane où, selon l’habitude locale, les employés ont attendu que nous les appelions pour regagner leur bureau afin de nous remettre tous les documents nécessaires à notre départ.

Demain, nous larguons les amarres dans la matinée. Le chapitre trois du voyage d’Anapa sera peut-être un peu en retard car la communication internet n’est pas garantie en pleine mer.

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