Anapa, un voilier nommé désir – épisode 3

Nous avons largué les amarres le 26 décembre, comme prévu. Quelques achats de dernière minute et c’est parti. Comme pour le départ des autres bateaux, les voisins de ponton sont là pour aider à la manœuvre.
Nous longeons un moment là côte de Sao Vicente. Les mêmes montagnes que celles de l’arrière pays nous accompagnent. Des strates de basalte noir se jettent dans la mer bleue. L’humidité de la mer favorise une maigre végétation d’un vert éclatant qui forme des tâches lumineuses sur les roches. 

Arrivés au bout de l’île, nous croisons un petit phare blanc planté à mi-hauteur de la pente noire. Il ressemble à une chapelle perdue au milieu de la rocaille, qui aurait perdu ses fidèles. Au fond d’une petite baie, un village autour de son église. Il paraît être là depuis toujours. Mais à quelques centaines de mètres des maisons, on peut voir la piste de l’aéroport “Cesaria EVORA” qui dessert l’île. Un avion atterrit en passant au-dessus d’Anapa. Il a l’air d’être si près qu’on pourrait croire qu’il va toucher le mât. 

Il s’agit là, pour nous, de la dernière manifestation de la civilisation. 

Nous quittons la terre pour plusieurs jours. 

Maintenant, il y a Anapa, le ciel, le vent et nous. Loin de tout ce qui faisait notre quotidien. Lentement la terre s’estompe pour finir par disparaître totalement. Notre paysage, ce sont les vagues, toutes différentes, pressées, violentes ou plus douces. Elles ont une frange d’écume blanche qui semble vouloir les rattraper sans jamais y parvenir. 

Il y a les nuages qui voyagent aussi. Les blancs, les gris, les bleus. Fins et transparents comme des voiles ou ronds comme de petits oreillers. 
Toute notre attention est absorbée par la navigation. Le cap est au 180 tout droit jusqu’au Brésil. 

Mais ce n’est pas si simple. Les vagues nous poussent, heureusement, le pilote automatique corrige la trajectoire perturbée. Le vent, seul propulseur d’Anapa se montre parfois capricieux. La surveillance doit être permanente et nous instaurons des quarts, 3h de veille chacun pour aider le bateau à voyager dans les meilleures conditions possibles. 

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