11 janvier
Nous sommes toujours dans le Pot aux noirs. Les conditions météo se sont un peu améliorées, mais nous restons sur nos gardes. En effet, nous essuyons deux autres grains, beaucoup moins violents que le premier mais qui nous laissent “rincés”. Rincés, parce que nous sommes bien fatigués. Rincés, parce qu’il tombe des masses d’eau incroyables. Un seau de cinq litres oublié dans le cockpit a été rempli en quelques secondes. Après le déluge, c’est l’accalmie. Plus d’eau, plus de soleil, plus de vent. Et là, le temps s’étire, la mer s’aplatit les voiles refusent le peu d’air qui leur est donné et le bateau se traîne. 2, 3 nœuds en attendant le prochain grain ou la sortie de la zone aux pourtours indéterminés. Le capitaine craque, pour le bonheur de l’équipage, nous démarrons le moteur.
Dans la nuit, on sent le vent frémir, puis montrer de façon régulière. Les étoiles apparaissent dans le ciel. On se prend à croire que nous avons quitté le Pot aux noirs. Le jour se lève avec le soleil, le bateau vole sur les vagues à tel point qu’il faut prendre un ris dans le génois.
Nous sommes très excités à l’idée de reprendre notre route car, si tout va bien, aujourd’hui nous franchirons l’équateur.
Vers midi et demi, Alléluia! nous passons dans l’hémisphère sud.
Comme des invités à une réveillons de la Saint Sylvestre regardent les secondes défiler sur l’horloge jusqu’à la fin de l’année, nous gardons les yeux rivés sur nos GPS pour voir les degrés, puis les minutes et enfin les secondes aller vers le degré zéro. C’est un moment particulier empreint d’une grande émotion. Nous avons la sensation d’avoir réalisé un rêve. Un rêve de gosse ou de vieil illuminé. Cela n’a rien d’un exploit mais le fait d’être là, au milieu de ce grand océan a quelque chose d’irréel. Mais voilà, nous y sommes.
La tradition des gens de mer veut que l’on se montre modeste ici. Il faut remercier Neptune de nous avoir permis d’être là et surtout de nous autoriser à continuer notre route.
Pour ce faire, le rituel veut qu’un verre de rhum soit offert à Neptune. A la suite de quoi, chacun des membres d’équipage se doit d’en boire une gorgée, la dernière revenant à Neptune.
Notre capitaine, ne voulant pas s’attirer les foudres d’un dieu susceptible, choisit d’honorer Poséidon en même temps que Neptune.
Le sectarisme de quelque nature que ce soit n’est pas le bienvenu à bord d’Anapa
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