11 janvier, atterrissage à Jacaré
Navigation paisible. Nous surveillons le bas-hauban détoronné car la grand voile tire dessus.
Tout se passe pour le mieux. Nous croisons trois cargos de deux ou trois cents mètres de long. Même s’ils passent loin, on a vraiment l’impression qu’ils sont gigantesques. En ce moment, la lune arrive vers 16h. Elle se laisse doucement éclairer par le soleil. Puis quand la nuit vient, elle est éblouissante. Elle donne à la mer des reflets dorés qui dansent sur les vagues, en contrepartie de quoi, elle nous prive de la plupart des étoiles.
Vers 13h, nous sommes en approche de Jacaré.
Une longue côte plate se dessine lentement dans la brume. J’ai l’impression que nous ramenons la voilure pour la dernière fois. Nous entrons dans un vaste delta. C’est dimanche à Jacaré. Plusieurs petits dériveurs de sport tirent des bords sur le plan d’eau.
Au loin, une école a sorti tous ses petits bateaux école.
L’arrivée à la Marina se fait dans la paix et le calme. Nous sommes arrivés à marée montante, si bien que le courant du fleuve ne nous freine pas du tout. Lentement nous longeons des mangroves qui poussent sur les berges du fleuve. Au milieu du delta, il y a une île qui semble paradisiaque. Sable blanc. Paillote au bord de l’eau. Quelques personnes se promènent tranquillement. Aucune agitation ne semble occuper les habitants de l’endroit.
On peut imaginer l’émotion qui devait s’emparer des navigateurs du XVIIème siècle quand ils arrivaient dans ces contrées inconnues après des mois de mer.
Pourtant, au-delà de cette vision de nature, on peut voir, au loin, plusieurs forêts de gratte-ciels qui laissent présager d’une ville importante. C’est Joao Pessoa qui compte autant d’habitants que Marseille. Difficile de se représenter cette ville tentaculaire aussi proche d’un endroit tel que celui que nous découvrons depuis notre bateau.
En arrivant devant la Marina, Pascal appelle la capitainerie à la VHF. Pas de réponse. N’oublions pas que nous sommes au Brésil et que rien n’a l’air d’être très pressé ici. Après quelques appels, le responsable de la Marina, Nicolas, nous rassurera sur la possibilité d’accoster. Il confirme que nous sommes bien attendus et qu’un bosco viendra nous donner les instructions nécessaires à notre accostage. Sans surprise, ce dernier arrive dans un dinghy pétaradant et nous demande d’ancrer le bateau dans le lit du fleuve en attendant que notre place soit prête. En fait, nous comprenons fort peu de choses à ce que nous dit ce brave homme qui ne parle que portugais.
Nous attendons environ 2 h à l’ancre, au soleil, sans vent. Cette attente nous paraît d’autant plus difficile que nous savons qu’à quai une bonne douche nous attend, avec un verre d’eau bien glacé.
C’est le supplice de Tantale à la brésilienne.
La marée montante a permis au fleuve de remonter son niveau d’eau et nous pouvons enfin accoster.
À terre, c’est un pur bonheur. Les gens sont adorables et ne savent pas quoi faire pour nous rendre l’arrivée agréable. Nicolas nous explique le fonctionnement de la Marina qui n’est autre qu’un lieu de vie où se rencontrent les navigateurs de passage. Du reste, ici tout le monde est de passage. Ils arrivent de l’Europe pour la plupart, ont fait la transat depuis les Canaries ou le Cap Vert. Ils sont là pour quelques jours ou quelques mois. Le temps de remettre en état un bateau et un équipage fatigués par plusieurs semaines de traversée.
Les artisans requis pour les réparations viendront demain ou un autre jour. Rien ne presse, nous sommes au Brésil
Nous retrouvons un couple de navigateurs que nous avions rencontré à Mindelo. Stéphane publie ses aventures sur une chaîne Youtube. Lui et sa compagne sont partis pour un tour du monde sans date de retour. Eux vont laisser leur bateau ici pour plusieurs mois. Ils ont des projets de roadtrip en Amérique du sud.
Nous allons nous reposer et faire réparer Anapa qui a un peu souffert. Mais tout cela, c’est pour demain. Ce soir nous dormirons bien à plat sans crainte d’oublier l’heure de notre prochain quart de veille.
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