Départ de Fernando de Noronha
Nous levons l’ancre, enfin
Notre ancre est bloquée au fond. Au matin, il faut bien se résoudre à trouver une solution.
Nous sommes plongeurs, donc rien n’est perdu. L’île compte beaucoup de clubs de plongée. Moyennant finances, nous irons louer un équipement et irons jusqu’à l’ancre, qui est posée sur un fond de dix mètres pour démêler le nœud du problème.
Tout d’abord, nous demandons à notre voisin de mouillage de se déplacer un peu. Il n’est pas contre car notre ligne de mouillage à l’air de se diriger vers son bateau. Il a, à son arrière un régulateur d’allure qui pourrait bien souffrir de la manœuvre. Il se déplace. Francis qui a une meilleure apnée que la mienne va descendre pour voir comment se présente la situation. Nous installons un traînard à l’arrière du bateau pour assurer la sécurité de Francis qui risque de s’éloigner du bateau à cause du courant et des vagues.
En fait, la visibilité se limite à deux ou trois mètres, donc impossible de voir l’ancre. Mais Francis peut nous indiquer plus précisément la direction à prendre pour être à l’aplomb de l’ancre.
Je reste à la barre pendant que Pascal, à l’avant du bateau, me transmet les informations données par Francis.
Après plusieurs apnée de notre plongeur et plusieurs manœuvres au moteur, nous arrivons à mettre l’ancre à bord du bateau.
Nous allons pouvoir partir vers Marina Jacaré.
Pendant les préparatifs de la plongée, j’observe les vagues qui se brisent sur les falaises de la baie. À cette heure de la journée, la marée est haute. Les vagues sont grosses et déferlent sur une longue distance. Quand elles arrivent sur les rochers, elles explosent en écume blanche mais surtout en une brume vaporeuse qui capte la lumière du soleil rasant. On dirait que l’eau est chargée de milliers de diamants multicolores qui s’échappent vers des arcs-en-ciel éphémères. C’est magnifique et étonnant. C’est Fernando de Noronha qui nous fait ses adieux.
Cette escale est décriée par les navigateurs au long cours à cause de sa réputation de lieu très touristique. Effectivement, cette île vit du tourisme et met en avant ses paysages de carte postale.
Mais faut-il renoncer systématiquement à tous les lieux très fréquentés simplement parce qu’on apprécie plus que tout la solitude du grand large et le bruit du vent dans les voiles?
Faut-il se priver de paysages grandioses parce qu’ils sont populaires?
Nous avons choisi de nous arrêter à Fernando de Noronha pour le plaisir des yeux tout d’abord. Mais aussi pour n’avoir aucun regret d’être passés tout près d’une merveille du monde où nous ne reviendrons sûrement jamais, même si nous retournons au Brésil.
Quand on visite ce genre d’endroit, on peut se poser la question de savoir si on sacrifie à l’image du lieu, à sa popularité. On peut se poser la question de savoir si on va à la facilité, à l’attrait du déjà connu voire, reconnu. Peut-être. Mais il n’y a aucune raison de se priver de paysages et d’endroits rares, éblouissants pour la simple raison qu’ils sont populaires. La marginalité du voyage au grand large n’est pas exclusive. Sa solitude permet d’apprécier le voisinage des hommes sans pour autant s’y fondre aveuglément. Oui, cet endroit est magnifique et vaut bien un détour de 200 MN. Oui nous sommes émerveillés. Mais il nous a semblé inutile de rester à Fernando de Noronha plus que nécessaire. Tout d’abord pour nos finances qui n’auraient pas survécu longtemps mais surtout parce que l’objectif de notre voyage n’est pas un séjour sous les palmiers.
Jacaré nous attend et nous avons hâte d’atterrir sur le continent américain.
Poster un Commentaire